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La critique de la politique israélienne est souvent en butte à l’accusation de harcèlement. Des voix, pas forcément celles des soutiens inconditionnels de cette politique, s’élèvent pour reprocher aux critiques de se concentrer sur Israël et d’"oublier" les autres Etats responsables d’exactions aussi graves, sinon plus graves.


Ce reproche est d’autant plus recevable qu’il émane parfois de personnalités aussi respectables qu’Uri Avnery, vieux militant israélien des droits de l’Homme. Uri note que la récente conférence de Genève sur le racisme (connue sous le nom de Durban II) n’a fait mention d’aucune des graves situations de violations des droits de l’Homme qui se perpétuent sur la surface du globe, préférant se focaliser sur Israël.

Disons-le tout de suite. Israël n’a pas le monopole du racisme. Ce n’est pas le seul pays qui opprime, qui massacre, qui colonise, qui maltraite ses minorités. Il n’en reste pas moins qu’il est coupable de ces crimes. La question qui se pose est de savoir pourquoi il bénéficie d’un "traitement de faveur", en particulier dans les tribunes où le tiers-monde s’exprime avec force et où Israël fait figure d’accusé principal.


Il y a une réponse évidente. Ce "traitement de faveur" est le pendant de celui, bien réel, dont il bénéficie dans les pays occidentaux. La couverture médiatique de l’attaque de Gaza a été un pur scandale. Tout a été fait pour "euphémiser" l’événement, voire opérer une inversion insupportable entre victimes et bourreaux. Le directeur d’un grand magazine français a été jusqu’à justifier l’agression au prétexte qu’"Israël travaillait à notre (les Occidentaux) tranquillité". Les habituels relais de la politique israélienne, qu’ils se parent des habits de l’intellectuel ou de l’artiste, se sont déployés dans les journaux, les télévisions, martelant le même message "Ne vous y trompez pas. Dépassez les images d’enfants morts. Le droit, la justice et la morale sont du côté d’Israël". L’opinion occidentale n’a certes pas été dupe. A titre d’exemple, la lecture des réactions des abonnés du journal Le Monde illustre de manière éclatante le divorce entre l’opinion et les médias. Toutefois, vu du tiers-monde, seul le chœur des médias est audible, ce chœur qui justifie contre toute évidence, contre toute morale, une œuvre de mort.


On a beaucoup insisté sur la personnalité du Président iranien, M. Ahmedninedjad. On a ainsi démonisé son discours sur Israël au motif que celui qui le présentait n’était pas qualifié pour donner des leçons en matière de droits de l’Homme. Sont-ils plus qualifiés que lui pour donner ces leçons, ceux qui ont justifié les meurtres d’enfants à Gaza, ceux qui relaient depuis plus de 60 ans la propagande sioniste, ceux qui se font complices du sociocide méthodique dont est victime la population palestinienne ?


Pourquoi ne s’interrogent-ils pas sur la popularité de la cause palestinienne, en particulier chez les populations du Sud, celles qui connaissent, pour les avoir vécus, l’occupation coloniale, l’oppression, le déni de citoyenneté ? S’ils le faisaient, ils se rendraient compte que ces anciens damnés de la terre reconnaissent en Palestine la même démarche que celle qui a été mise en œuvre chez eux naguère, la civilisation contre la barbarie, le drapeau de la morale contre le royaume de la sauvagerie. S’ils le faisaient, ils comprendraient le caractère emblématique de la Palestine dans le tiers-monde ; ils y reconnaîtraient le symbole de la bataille pour l’avènement d’un monde nouveau, un monde débarrassé des scories colonialistes, un monde d’où les universalistes à temps partiel seraient exclus, où seule prévaudrait une vision non exclusive des droits de l’Homme, un monde pour tous.



Brahim Senouci  


Source:  http://www.michelcollon.info

Tag(s) : #Palestine
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